L’Avent pour aller plus loin
Nous allons bientôt entrer dans le temps de l’Avent. Plus court que le carême, l’Avent risque toujours de passer inaperçu. Pourtant, durant ce temps, nous sommes appelés à regarder plus loin que l’horizon de notre quotidien pour y découvrir la promesse de Dieu.
L'Avent, une promesse qui retentit déjà dans l’Ancien Testament : quoi qu’il arrive, Dieu ne peut abandonner son peuple ! Durant le temps de l’Avent, apprenons à regarder le Christ comme l’accomplissement parfait de cette promesse. Non seulement Dieu ne nous abandonne pas, mais il nous invite à partager sa vie ! Par sa venue dans notre humanité, par le don de sa vie, le Christ nous invite à passer définitivement dans la vie de Dieu, un passage qui s’accomplit déjà au jour de notre baptême et dont la manifestation apparaîtra pleinement quand nous paraîtrons devant Dieu. C’est ce qu’exprime si bien saint Jean dans sa première épître : « Bien-aimés, dès maintenant, nous sommes enfants de Dieu, et ce que nous serons n'a pas encore été manifesté. Nous savons que lors de cette manifestation nous lui serons semblables, parce que nous le verrons tel qu'il est » (3, 2). En ce sens, la venue du Christ nous sauve car elle ouvre des chemins de vie et d’espérance que nul événement ou personne ne peuvent obstruer.
Cette bonne nouvelle de Noël n’est pas en dehors de notre quotidien, elle lui donne un autre goût. Je n’ignore pas combien ce quotidien peut être difficile pour nombre d’entre vous. Je pense à tous ceux qui n’ont pas de travail, aux sans-papiers, à ceux qui sont usés par leurs conditions de travail et par la saturation des transports en commun. Je sais la difficulté de vivre dans un climat d’insécurité quand la délinquance, petite ou grande, marque le quotidien. Je n’ignore pas non plus les inquiétudes que connaissent nombre de familles au sujet de l’un des leurs. Pour être vrai, n’oublions pas aussi les multiples joies, les « petits bonheurs », qui passent trop souvent inaperçus.
Dans ce quotidien, la promesse de Dieu réalisée totalement en Jésus Christ n’est pas illusion ou utopie. En nous entraînant définitivement dans la vie éternelle, le Christ nous invite à aimer encore et toujours quand surgissent les difficultés en faisant de nos vies des vies données, alors que nous serions tentés de nous replier, voire de nous recroqueviller, sur nous-mêmes. Le temps de l’Avent n’est pas le temps de la désespérance mais le temps de la foi. Croyons-nous suffisamment, quoi qu’il arrive, que le Christ est venu ouvrir pour chacun de nous des chemins de vie et d’espérance ? Croyons-nous dans cette promesse qui fonde notre foi mais qui appelle de notre part une conversion incessante si nous voulons qu’elle opère tous ses effets dans notre vie en lui donnant le bon goût de l’Évangile ?
+ Pascal Delannoy,
Évêque de Saint-Denis-en-France