Les jeunes : une présence pour aujourd’hui !
Les chiffres sont là pour nous le rappeler : notre département est l’un des plus jeunes de France avec près de 30 % de sa population qui a moins de 20 ans ! J’entends souvent dire que cette présence est une chance, voire un atout.
Une telle affirmation peut paraître provocante quand on pense aux difficultés que connaissent les jeunes d’aujourd’hui. Comment dire aux jeunes qu’ils sont une chance pour notre société quand l’avenir est plus pour eux synonyme d’inquiétude que d’espérance ? Une inquiétude ressentie non seulement au regard des perspectives d’emplois mais aussi par rapport à la vie affective et familiale, sans oublier la question fondamentale du sens de l’existence à laquelle une société consumériste est bien en peine de répondre.
Cette inquiétude, lorsqu’elle devient réalité - nous ne le savons que trop bien en Seine-Saint-Denis – génère souvent des comportements déviants, destructeurs de soi-même et des autres.
Et pourtant, il est vrai que les jeunes sont une chance pour notre société ! Quand nous leur donnons leur place, toute leur place, ils ont cette formidable capacité d’innover, de créer, d’inventer, au risque parfois de surprendre ou de déranger ceux qui les ont précédés.
Ils nous entraînent à regarder l’avenir non avec crainte et tremblements mais avec confiance. En Seine-Saint-Denis, ils sont nés dans cette société où le monde est devenu un village : côtoyer l’autre, dans sa différence culturelle, fait partie de leur univers quotidien : dans le sport, les études, la vie associative, le quartier, la religion et même la famille. Le fait qu’ils soient jeunes ne suffit pas, bien sûr, à résoudre toutes les difficultés mais, n’ayant pas le même rapport au passé que leurs aînés, ils ont cette possibilité de modeler une société multiculturelle qui soit aussi fraternelle.
Dans notre Église, nous évoquons trop souvent les jeunes en disant qu’ils sont l’avenir, comme si nous pensions uniquement à eux pour prolonger ce que nous avons commencé ! Les jeunes ne sont pas l’avenir de l’Église, ils en sont le présent. Dès maintenant ils sont porteurs d’une parole et de projets qu’il nous faut écouter et accueillir en entrant dans un dialogue où chacun peut donner et recevoir ! Il nous faut ici relire nos orientations diocésaines pour la catéchèse (1) : « Tout au long de notre vie, ne sommes-nous pas appelés à cheminer dans la recherche de la vraie vie, depuis l’enfance jusqu’à un âge avancé ? Sur ce chemin, nous recevons les uns des autres : les enfants apportent leurs questions neuves, les jeunes leur capacité par exemple de vivre les relations interculturelles, les adultes leur compétence, les anciens leur expérience et leur bienveillance. Alors, confiance ! ».
L’intergénérationnel n’est-il pas l’une des conditions indispensables pour que notre Église ne soit pas perçue comme une simple association, mais bien comme le Corps du Christ, un Corps vivant, dans et pour le monde d’aujourd’hui ?
+ Pascal Delannoy
Evêque de Saint-Denis-en-France
(1) Orientations diocésaines pour la catéchèse, "L’intergénérationnel", § 1