Nous sommes le 24 décembre la nuit de Noël arrive.
Fanny et Marius se sont couchés bien tristes. Il manque l’Enfant Jésus pour la commande que la jeune femme vient chercher et il est trop tard pour le fabriquer. Comment va-t-elle réagir ? N’arrivant pas à dormir, ils ont envie d’aller regarder encore une fois les santons qu’ils ont fabriqués. Discrètement, pour ne pas réveiller leur grand-père, ils descendent l’escalier. Arrivés devant la porte de l’atelier, ils s’arrêtent net. Il se passe une chose étrange. Ils entendent parler dans l’atelier, pas comme lorsque Papi a reçu la dame pour la commande. Ils entendent plein de voix différentes et aussi des moutons bêler, un chat miauler. Ce n’est pas César, il dort sur le lit du grand-père. Ils essayent d’ouvrir la porte. Mystérieusement, ils n’y arrivent pas.
Marius chuchote à l’oreille de Fanny : « J’ai entendu dire qu’il peut se passer des choses étranges la nuit de Noël et même que les santons ou des animaux peuvent parler. Ils essaient peut-être de trouver une solution pour l’Enfant Jésus. Remontons dans notre chambre. On verra demain. » Fanny et Marius ont bien eu du mal à trouver le sommeil. Mais ils savent à présent que cette nuit est très spéciale, et qu’elle peut réserver de bonnes surprises.
Francès a aussi du mal à s’endormir, très contrarié par cet oubli il se demande comment faire à propos de l’Enfant Jésus. Mais au lieu de s’inquiéter, Francès se souvient des Noëls de son enfance, et des choses très belles qui se sont passées pendant cette nuit-là. Il se souvient de son premier Noël avec sa jeune épouse, dans leur pauvre maison. Il se souvient de la joie de leurs enfants qui grandissaient de Noël en Noël. Il se souvient surtout de l’amour qui toujours débordait quand on se réunissait autour de l’enfant Jésus. Il repense à toutes ces difficultés qui s’étaient évanouies par miracle : des amis fâchés qui se réconciliaient, des voisins qui ouvraient la porte de leur maison, des malades qui se trouvaient mieux… Alors finalement c’est en paix qu’il s’endort, certain que la joie sera au rendez-vous cette année, il ne sait pas comment. Il pense alors très fort : « Il n’y a plus qu’une chose : espérer ! »
Comme tous les enfants du monde ce matin-là, Marius et Fanny se réveillent tout excités. « C’est Noël ! C’est Noël ! » disent-ils en chœur.
Toc ! Toc ! Quelqu’un frappe à la porte.
« C’est la dame qui vient chercher la crèche et il manque l’Enfant Jésus ! Que va-t-elle dire ? » se demandent les enfants.
Pendant ce temps, Francès descend ouvrir la porte.
« Bonjour Francès ! Joyeux Noël ! Comme promis, je viens chercher ma commande. Avez-vous eu le temps de fabriquer tous les santons ? »
Entre temps les enfants les ont rejoints en pyjama. « Je suis tombé malade, dit le grand-père. Grâce aux enfants qui m’ont beaucoup aidé, tous les santons que vous souhaitiez sont là, enfin presque, le santon de l’enfant Jésus… »
Les yeux brillants d’émerveillement devant la belle crèche prête à être empaquetée la jeune dame interrompt Francès pour féliciter Fanny et Marius : « Bravo les enfants ! ces santons sont magnifiques ! Le santon de L’Enfant Jésus est particulièrement réussi ! Je suis ravie pour mes grands-parents. »
Marius et Fanny se regardent, tout étonnés. Francès est plus surpris encore. Par quel miracle ce santon a-t-il rejoint la crèche ? Dans la petite mangeoire fabriquée par le grand-père, entre l’âne et le bœuf, entouré de Saint Joseph et de la Vierge Marie, l’enfant Jésus dort. L’espace d’un instant, Fanny a l’impression que sur le visage de Marie flotte un sourire en coin que le santonnier n’a pas peint lui-même.
« Tu vois Marius, je le savais : Jésus est né cette nuit » dit Fanny à son frère.
La dame ne peut s’empêcher de rire : « bien-sûr petite Fanny qu’il est né cette nuit, puisque c’est la nuit de Noël ! »
Les enfants regardent la dame. Elle sourit exactement avec le même sourire que Marie dans la crèche, et ils lui sourient en retour.
La dame repart toute contente avec sa commande, ayant déposé discrètement un sac en faisant un clin d’œil entendu à Francès.
Marius et Fanny se préparent pour aller à la messe où ils vont fêter la naissance de Jésus avec leurs parents revenus de voyage. « Que c’est bon de se retrouver tous ensemble se disent-ils. Ce Noël est encore plus beau que tous les autres ! »
Sur le chemin du retour, en rentrant à la maison, Fanny et Marius racontent à leurs parents toutes leurs aventures.
« Bravo, Fanny ! Bravo Marius ! Nous sommes fiers de vous ! » répondent les parents en les félicitant.
Entre temps Francès les a rejoints. « Comme je suis heureux que vous soyez arrivés. Nous allons pouvoir fêter la naissance de Jésus tous ensemble ! Allons voir à la crèche, je crois que qu’une surprise vous attend les enfants » dit-il. Fanny et Marius se précipitent.
Arrivés à la maison, chacun trouve un joli paquet déposé à côté de leurs souliers. Tout excités, ils déchirent le papier-cadeau.
Oh joie ! Fanny découvre dans une boîte en carton une très jolie tenue de danse, encore plus belle que celle qu’elle avait. Quant à Marius, ces yeux n’en reviennent pas. C’est bien une guitare qu’il découvre en ouvrant le gros paquet !
Et les voilà qui sautent et dansent de joie, embrassant leur Papi et leurs parents, ne sachant pas vraiment qui est à l’origine de ces cadeaux tant espérés.
Francès, lui qui sait bien d’où viennent ces cadeaux, est le plus heureux des grands-pères.
« Nous pourrons participer au spectacle ! Nous pourrons participer au spectacle ! » n’arrêtent pas de répéter Marius et Fanny.
Quelle grande joie !