« Laissez-vous réconcilier… »
Alors que nous approchons de Pâques, nous entendons cet appel que l’apôtre Paul adresse à la communauté de Corinthe : « Au nom du Christ, nous vous en supplions, laissez-vous réconcilier avec Dieu » (2e lettre aux Corinthiens 5, 20).
Si le carême est un temps de conversion, il est aussi un temps de réconciliation avec Dieu et avec ceux et celles que nous aurions offensés. Si ce temps de réconciliation nous paraît difficile, souvenons-nous qu’il est avant tout un temps de joie : joie d’être pardonnés et joie de pardonner comme nous sommes pardonnés !
Accueillir le pardon
Cette joie, c’est d’abord la joie de recevoir le pardon de Dieu dans le sacrement de réconciliation afin de célébrer Pâques avec un cœur renouvelé. Se confesser, ce n’est pas seulement énoncer les péchés qui marquent nos vies. Se confesser, c’est aussi reconnaître l’amour de Dieu qui, déjà, est à l’œuvre dans nos vies. Parce que nous croyons que nous sommes aimés d’un amour qui va jusqu’à la croix, nous croyons que le pardon nous est offert ! A chaque fois que nous sommes pardonnés de tous nos péchés, nous pouvons reprendre avec confiance notre marche sur le chemin de la vie éternelle, cette vie reçue au jour de notre baptême ! Si d’aventure notre péché peut nous fait douter du pardon de Dieu, alors prenons le temps de méditer ces quelques mots de la première lettre de saint Jean : « Notre cœur aurait beau nous accuser, Dieu est plus grand que notre cœur, et il connaît toutes choses » (3, 20).
Offrir le pardon
Dans l’Évangile, à plusieurs reprises, le Christ nous invite à entrer dans la dynamique du pardon. Si nous sommes pardonnés par Dieu comment ne pas offrir le pardon à ceux et celles qui nous ont offensés ? C’est d’ailleurs la demande que nous formulons dans la prière du Notre Père : « Pardonne-nous nos offenses comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés ». Dans son encyclique Tous frères, le pape François nous rappelle que le pardon offert n’est jamais l’oubli (§ 250-251) ni l’impunité (§ 252). L’enjeu du pardon est ailleurs : il libère nos cœurs de ces forces destructrices que sont la haine et la vengeance qui jamais n’apporteront la paix en nous et autour de nous. Quand il nous paraît impossible de pardonner, tant la blessure est vive, demandons alors la force de l’Esprit Saint pour qu’il nous aide à cheminer vers le pardon et qu’un jour, enfin, nous soyons capables de pardonner comme nous sommes pardonnés !
Frères et sœurs, durant ces jours qui nous séparent encore de Pâques, prenons le temps de nous laisser réconcilier. Avec le pape François, demandons à Dieu « la grâce de nous envoyer avec humilité et douceur sur les sentiers exigeants mais féconds, de la recherche de la paix » (§ 254).
+ Pascal Delannoy
Evêque de Saint-Denis en France