Une identité nationale au service de l’identité universelle ?
Les Uns et les Autres ouvrent cette nouvelle année sur le thème des migrations. Un sujet décidé de longue date mais qui prend un relief particulier au moment où se poursuit le débat sur l’identité nationale.
Avant de parler d’identité nationale, ne convient-il pas d’abord de définir l’identité de tout homme ?
Vaste question, j’en conviens, aussi pour y répondre je me contenterai de recourir à l’article premier de la Déclaration universelle des droits de l’homme : « Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits. Ils sont doués de raison et de conscience et doivent agir les uns envers les autres dans un esprit de fraternité ». Au-delà des notions de peuples et de nations, la liberté, la raison, la conscience, l’esprit de fraternité définissent ainsi l’identité de tout homme. Rien d’étonnant alors à ce que le préambule de la même déclaration rappelle que tous les hommes sont membres d’une même famille : la famille humaine.
Notre identité française, qui se décline notamment dans notre devise républicaine : « Liberté, Égalité, Fraternité » ne doit-elle pas donner chair à l’identité de tout homme ainsi rappelée ?
- Une identité qui s’exprime dans le respect des autres et la recherche du bien commun afin que la liberté ne soit pas autojustification de tous les comportements mais appel à la responsabilité !
- Une identité qui se manifeste en donnant à tous les mêmes chances, qu’il s’agisse d’éducation ou d’accessibilité à l’emploi afin que l’égalité ne soit pas qu’une illusion génératrice de désespoir et de violence !
- Une identité qui se construit dans la rencontre de l’autre afin que la fraternité ne soit pas un vain mot mais invitation à vivre un accueil réciproque qui prenne en compte la diversité culturelle et religieuse !
Dans ce débat sur l’identité nationale, il nous faudrait aussi relire l’encyclique Caritas in Veritate, notamment le chapitre V intitulé : « La collaboration de la famille humaine ». J’y relève ces quelques mots : « Tout comme la communauté familiale n’abolit pas en elle les personnes qui la composent et comme l’Église elle-même valorise pleinement la ‘créature nouvelle’ (Cf. Galates 6, 15 ; 2 Corinthiens 5, 17) qui, par le baptême, s’insère dans son Corps vivant, de la même manière l’unité de la famille humaine n’abolit pas en elle les personnes, les peuples et les cultures, mais elle les rend plus transparents les uns aux autres, plus unis dans leurs légitimes diversités » (§ 53). Tout au long de cette nouvelle année, dans nos communautés ecclésiales mais aussi dans notre société, ayons à coeur d’oeuvrer pour l’unité ainsi définie nous y trouverons sûrement notre identité !
+Pascal Delannoy,
Evêque de Saint-Denis-en-France