Edito sept. 2010 — Diocèse de Saint-Denis-en-France

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Edito sept. 2010

Au risque d'interpeller nos certitudes...

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Au risque d’interpeller nos certitudes…

Le département de la Seine-Saint-Denis est concerné au premier chef par les questions d’insécurité et d’immigration. Vouloir relier ces deux questions en prétendant que la première trouverait son origine dans la seconde serait opérer un amalgame dont nul ne sortirait grandi !

Entendons-nous bien : il ne s’agit pas ici de nier les problèmes en faisant de l’angélisme. Il est bien sûr inadmissible que des personnes soient menacées et agressées verbalement ou physiquement, "simples citoyens" ou forces de police, comme il est tout aussi inadmissible de procéder à des généralisations hâtives qui jettent l’opprobre sur des personnes, non en raison de ce qu’elles ont fait, mais en raison de leurs origines ou de leur appartenance à une communauté ethnique ! Il est encore inadmissible que la violence gagne du terrain et se banalise dans notre société, comme il est tout aussi inadmissible de ne pas s’interroger sur les causes de cette violence afin d’y apporter les réponses adéquates ! Nous vivons dans une société complexe où il ne suffit pas de réprimer les actes délictueux pour que tout rentre dans l’ordre. Le chômage, l’accès au logement, la fragilité de la cellule familiale et du lien social, le cadre de vie sont autant de sujets qui ne peuvent être ignorés quand on évoque les questions d’insécurité et de violence.

Dans le texte d’orientation de notre synode diocésain figure cette priorité : « Annoncer l’Evangile du Christ, c’est d’abord écouter, accueillir sans étiqueter ni cataloguer, aller au devant de chacun et chacune, en partageant avec tous les réalités du monde, en vivant au milieu de tous le quotidien de l’Evangile. Par cet accueil de toute femme et de tout homme, nous prenons le risque d’interpeller nos certitudes. Pour cela, nous désirons faire vivre des églises ouvertes dans nos villes, comme lieux de prière et d’accueil, ainsi que des communautés de croyants insérées dans les diverses réalités de la Seine-Saint-Denis (1) ».
Rencontrer l’autre pour prendre le risque d’interpeller nos certitudes (ou les certitudes dans lesquelles tout un système de pensée voudrait nous enfermer…), n’y a-t-il pas là un beau défi pour nos communautés ecclésiales et pour chacun d’entre nous ? Serons-nous ces croyants, soucieux de vivre le quotidien de l’Evangile, dans une société où se côtoient souvent l’ivraie et le bon grain (2) ?

Tout au long de cette année, ayons à coeur de donner la parole à tous ceux - responsables politiques ou associatifs, acteurs sociaux, éducateurs, habitants de nos quartiers… - qui oeuvrent jour après jour, avec persévérance, pour que la solidarité et la fraternité progressent.
Au cours de mes visites pastorales des cités, je découvre l’immense tâche accomplie par les uns et les autres : de tout cela, peu d’échos dans les médias… et dans nos communautés ecclésiales ?


+Pascal Delannoy,
Evêque de Saint-Denis-en-France

(1) L’Evangile dans la ville, Synode du diocèse de Saint-Denis,
page 16, § 27.
(2) cf. Evangile selon saint Matthieu 13, 24-30.